المُرُوءَة

L’esprit chevaleresque

ومن منازل ﴿إِيَّاكَ نَعْبُدُ وَإِيَّاكَ نَسْتَعِينُ]الفاتحة: 5  [منزلة « المُرُوءَةِ »

للإمام وشيخ الإسلام

ابن قيِّم الجوزيَّة -رحمه الله تعالى-

مقتبس من كتابه « مدارج السَّالكين » ج 2، ص: 351-354.

ترجمه إلى اللُّغة الفرنسيَّة

أبو فهيمة عبد الرَّحمن عيَّاد البجائي

Et des stations de C’est seulement Toi que nous adorons, et c’est seulement à Toi que nous demandons assistance.﴿ El Fêtiha (L’Ouverture), v. 5, se trouve la station de l’esprit chevaleresque.

Texte de l’Imam et cheikh de l’islam

Ibn Qayyim El Djewziyya

-Puisse Allâh lui accorder Sa vaste miséricorde!-

Extrait de son livre Les sentiers des itinérants, vol., 2, pp.  351-354.

Traduction de:

Aboû Fahîma ‘Abd Ar-Rahmên Ayad

بسم الله الرَّحمن الرَّحيم

المروءة فعولة من لفظ المرء، كالفتوة من الفتى، والإنسانية من الإنسان، ولهذا كان حقيقتها: اتصاف النفس بصفات الإنسان التي فارق بها الحيوان البهيم، والشيطان الرجيم؛ فإن للنفس ثلاثة دواع متجاذبة: داع يدعوها إلى الاتصاف بأخلاق الشيطان: من الكبر، والحسد، والعلو، والبغي، والشر، والأذى، والفساد، والغش.

وداع يدعوها إلى أخلاق الحيوان، وهو داعي الشهوة.

وداع يدعوها إلى أخلاق المَلَك: من الإحسان، والنصح، والبر، والعلم، والطاعة.

فحقيقة المروءة: بغض ذينك الداعيين، وإجابة الداعي الثالث. وقلة المروءة وعدمها: هو الاسترسال مع ذينك الداعيين، والتوجه لدعوتهما أين كانت.

فالإنسانية، والمروءة، والفتوة كلها في عصيان الداعيين، وإجابة الداعي الثالث. كما قال بعض السلف: خلق الله الملائكة عقولا بلا شهوة، وخلق البهائم شهوة بلا عقول، وخلق ابن آدم، وركَّب فيه العقل والشهوة؛ فمن غلب عقلُهُ شهوَتَهُ، التحق بالملائكة؛ ومن غلبت شهوَتُهُ عقلَهُ التحق بالبهائم.

ولهذا قيل في حد المروءة: إنها غلبةُ العقل للشهوة.

وقال الفقهاء في حدها: هي استعمال ما يُجَمِّلُ العبدَ ويَزِينُه، وترك ما يُدَنِّسُهُ ويَشِينُهُ.

وقيل: المروءة استعمال كل خُلُقٍ حَسَنٍ، واجتناب كل خلق قبيح.

وحقيقة المروءة تَجَنُّب الدنايا والرذائل: من الأقوال، والأخلاق، والأعمال.

فمروءة اللسان: حلاوته، وطيبته، ولينه، واجتناء الثمار منه بسهولة ويسر؛ ومروءة الخُلُق: سعته، وبسطه للحبيب والبغيض؛ ومروءة المال: الإصابة ببذله مواقعَه المحمودة عقلًا وعُرفًا وشرعًا؛ ومروءة الجاه: بذله للمحتاج إليه؛ ومروءة الإحسان: تعجيله، وتيسيره، وتوفيره، وعدم رؤيته حال وقوعه، ونسيانه بعد وقوعه؛ فهذه مروءة البذل.

أما مروءة الترك: فترك الخصام، والمعاتبة، والمطالبة، والمماراة، والإغضاء عن عيب ما يأخذه من حقك، وترك الاستقصاء في طلبه، والتغافل عن عثرات الناس، وإشعارهم أنك لا تعلم لأحد منهم عثرة، والتوقير للكبير، وحفظ حرمة النظير، ورعاية أدب الصغير.

وهي على ثلاث درجات:

الدرجة الأولى: مروءة المرء مع نفسه، وهي أن يحملها قسرا على ما يُجَمِّلُ وَيَزِين، وترك ما يُدَنِّس وَيَشِين، ليصير لها ملكة في العلانية؛ فمن أراد شيئا في سرِّه وخلوته: مَلَكَهُ في جهره وعلانيته؛ فلا يكشف عورته في الخلوة، ولا يتجشأ بصوت مزعج ما وجد إلى خلافه سبيلا، ولا يُخْرِج الريح بصوت وهو يقدر على خلافه، ولا يجشع وينهم عند أكله وحده.

وبالجملة؛ فلا يفعل خاليا ما يستحي من فعله في الملإ، إلا ما لا يحظره الشرع والعقل ولا يكون إلا في الخلوة، كالجماع، والتخلي ونحو ذلك.

الدرجة الثانية: المروءة مع الخَلْق، بأن يستعمل معهم شروط الأدب، والحياء، والخُلٌق الجميل، ولا يظهر لهم ما يكرهه هو من غيره لنفسه، وليتخذ الناس مرآة لنفسه؛ فكل ما كرهه ونفر عنه، من قول، أو فعل، أو خُلُق؛ فليجتنبه، وما أحبه من ذلك واستحسنه فليفعله.

وصاحب هذه البصيرة ينتفع بكل من خالطه وصاحبه من كامل وناقص، وسيِّء الخُلُق وحسنه، وعديم المروءة وغزيرها. وكثير من الناس يتعلَّم المروءة ومكارم الأخلاق من الموصوفين بأضدادها، كما رُوي عن بعض الأكابر أنه كان له مملوك سيِّء الخُلُقِ، فظٌّ غليظٌ، لا يناسبه؛ فسُئل عن ذلك، فقال: أدرس عليه مكارم الأخلاق ! وهذا يكون بمعرفة مكارم الأخلاق في ضد أخلاقه، ويكون بتمرين النفس على مصاحبته ومعاشرته والصبر عليه.

الدرجة الثالثة: المروءة مع الحقِّ سبحانه بالاستحياء من نظره إليك، واطِّلاعه عليك في كل لحظة ونَفَس، وإصلاح عيوب نفسك جَهد الإمكان؛ فإنه قد اشتراها منك، وأنت ساع في تسليم المَبيع، وتقاضي الثَّمن، وليس من المروءة تسليمه على ما فيه من العيوب وتقاضي الثمن كاملا، أو رؤية منَّته في هذا الإصلاح، وأنه هو المتولّي له، لا أنت. فيغنيك الحياء منه عن رسوم الطبيعة، والاشتغال بإصلاح عيوب نفسك عن الالتفات إلى عيب غيرك، وشهود الحقيقة عن رؤية فعلك وصلاحك.

Au Nom d’Allâh, Le Tout-Miséricordieux, Le Très-Miséricordieux

El mouroû’a (l’esprit chevaleresque), est composée sur le schème fa’oûla, tirée du terme el mar’ (l’homme), tel qu’el foutouwwa (juvénilité pieuse), tirée d’elfètê (jeune) et el incêniyya (humanisme), tirée d’el incên (l’homme). C’est pourquoi, son essence ―el mouroû’a (l’esprit chevaleresque)― en est le fait que l’esprit soit caractérisé par les attributs de l’homme avec lesquels il se démarque de l’animal et du Diable maudit. Car il y a, en fait, dans l’esprit [humain] trois facteurs qui s’attirent réciproquement: un facteur l’invitant à s’attribuer les caractères du Diable, dont l’orgueil, l’envie, la vanité, l’oppression, le mal, la nuisance, la corruption et la tromperie. Et un autre facteur l’appelant au comportement de l’animal. C’est le facteur du désir. Et un facteur qui l’invite aux caractères de l’Ange, tels que la bienfaisance, le conseil, le bien, la science et l’obéissance [à Allâh].

Ainsi, l’essence de l’esprit chevaleresque (el mouroû’a) consiste dans la haine des deux premiers facteurs;  et dans la satisfaction du troisième facteur (le facteur angélique). Par conséquent, le manque ou l’inexistence de l’esprit chevaleresque, c’est de se laisser aller avec les deux facteurs, cités premièrement, d’aller dans le sens de leur tentation, où qu’elle soit.

De ce fait, l’humanisme, l’esprit chevaleresque et la pieuse juvénilité versent tous dans la désobéissance à ces deux facteurs, et dans la satisfaction du troisième facteur, comme un des pieux prédécesseurs à dit : « Allâh a créé les Anges en tant que raisons sans désir (sensuel). Et Il a créé les bêtes en tant que désir sans raisons. Et Il a créé le fils d’Adam en lequel Il a conçu la raison et le désir. Ainsi quiconque dont la raison prend le dessus sur le désir, se joint aux Anges; et quiconque dont le désir prend le dessus sur la raison se joint aux bêtes! »

C’est pourquoi il est dit concernant le terme d’el mouroû’a que c’est la suprématie de la raison sur le désir.

Quant aux fouqahê’ (juristes musulmans), ils ont délimité ce terme en disant que c’est d’utiliser ce qui rend beau et joli, et de délaisser ce qui salie et enlaidie.

D’autres ont dit qu’el mouroû’a, est de se parer de tout bon comportement; d’éviter tout mauvais comportement. Par là, l’essence de l’esprit chevaleresque (el mouroû’a), consiste à éviter la bassesse et les turpitudes, dans les paroles, le comportement et les actes.

Ainsi, l’esprit chevaleresque typique de la parole, consiste dans sa douceur, sa bonté et sa tendresse; c’est d’en accueillir les fruits avec facilité et aisance. Et l’esprit chevaleresque typique du comportement consiste à traiter autant le bien-aimé et le mal-aimé avec largeur et détente. Et l’esprit chevaleresque typique de l’argent, est de faire en sorte de le dépenser dans ses lieux loués tant par la raison, l’usage et la religion. Et l’esprit chevaleresque typique du renom, c’est de le dispenser pour le besogneux. Et l’esprit chevaleresque typique de la bienfaisance est de la précipiter avec aisance, la dispenser tout en ne la considérant point lors de la pratique; et, de l’oublier après l’avoir pratiquée. Ceci est l’esprit chevaleresque propre à la libéralité.

Tandis que l’esprit chevaleresque typique du délaissement, celui-ci consiste à délaisser la dispute, le reproche, la réclamation et la polémique, de même que de ne pas considérer le défaut s’agissant dans ce qu’on lèse de ton droit; et de laisser de le revendiquer. De plus, il faut ne pas faire attention aux trébuchements des gens, voire il faut leur faire signe que tu ne sais rien d’aucun faux-pas fait par un parmi eux. Et il faut également révérer l’ainé, garder le respect de l’homologue et prendre soin de l’éthique du petit.

Et el mouroû’a (l’esprit chevaleresque) comporte trois degrés:

Le premier degré: l’esprit chevaleresque envers soi-même. Il s’agit de s’obliger à  ce qui rend beau et joli, à délaisser ce qui salie et enlaidie, afin que cela devienne une propriété spirituelle solennelle. De la sorte, celui qui veut faire une chose dans son intimité et sa solitude, il devra en prendre possession en public. Ainsi ne dévoilera-t-il pas sa nudité quand il est seul; et ne rotera pas faisant un son désagréable tant qu’il  peut le faire silencieusement; et ne laissera pas émettre des gaz audibles alors qu’il peut le faire de manière inaudible; et ne se donnera pas à manger avidement quand il est seul. En somme, il ne devra pas faire en cachette ce qu’il lui procurera la honte s’il le faisait solennellement, excepté ce que la religion et la raison n’interdisent pas et ne se fait qu’en secret, tel que de faire le rapport conjugal et de faire ses besoins et autres.

Le deuxième degré: l’esprit chevaleresque envers les gens. Il s’agit de pratiquer avec eux les règles d’éthique, la pudeur et le bon comportement. L’homme à l’esprit chevaleresque ne doit pas leur montrer un air que lui il déteste que quelqu’un le lui montre. Et qu’il fasse que les gens soient comme un miroir pour lui. Ainsi toute chose qu’il déteste et le révulse, parole, acte ou comportement, qu’il la déserte! Et toute chose qu’il aime et l’estime bonne, qu’il la fasse!

Le détenteur d’une telle clairvoyance tire en fait profit de tout homme qu’il fréquente et accompagne, qu’il soit parfait ou imparfait, ayant un bon ou un mauvais comportement; autant celui qui soit privé d’esprit chevaleresque que celui qui le détient avec profusion.

Au fait, beaucoup de gens apprennent à se munir de cet esprit et des bons caractères en les tirant de ceux qui sont entachés de leurs contraires, tel que cela a été rapporté d’un certain grand homme, qui possédait un esclave ayant un mauvais comportement, rude et dur, et qui dans la réalité ne lui convenait pas, puis un jour, quand on l’a interrogé sur cela, il a répondu en disant : « J’étudie sur lui les nobles caractères! » Ceci s’accomplit en apprenant les nobles caractères en contrepartie de ses caractères à lui; et se fait également en exerçant l’esprit à l’accompagner et à cohabiter avec lui tout en patientant sur lui.

Le troisième degré: l’esprit chevaleresque envers le Vrai -à Lui la Pureté!-. Et ce par le fait d’être pudique à l’égard de Son regard envers toi, et eu égard de la Connaissance qu’Il a de toi à tout instant et à chaque soupire, de même qu’en réformant les tares de ton âme autant que faire se peut. Car Il l’a achetée de toi. Or, toi, tu dois viser à remettre le dépôt acheté, et percevoir le coût, en contre partie. Mais, ne fait, certainement pas preuve d’esprit chevaleresque que tu le remettes entaché de tares, tout  en percevant le prix de revient entièrement! Aussi, tu te dois de considérer la faveur qu’Allâh t’a fait pour réformer ces tares, que c’est Lui qui en est Garant, et non toi! Ainsi ta pudeur envers Lui te fera passer des séquelles de ta nature.

Enfin, tu dois te préoccuper de réparer tes tares spirituelles au lieu de te tourner vers les défauts des autres; regarder clairement la vérité, au lieu de contempler tes actes et ta piété!

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