Chapitre sur le comportement du Prophète

-Prière et salut d’Allâh sur lui!-

Par l’imam et l’illustre érudit

Aboû Zakariyya Mouhyî Ad-Dîn An-Nawawî

-Qu’Allâh lui accorde Sa vaste miséricorde!-

Extrait de son livre Tèhdhîb el asmê’ wa èl-loughêt (Élagage des noms propres et des langues), pp.  31-33.

Traduit de l’arabe par

Aboû Fahîma ‘Abd Ar-Rahmên Ayad

Au Nom d’Allâh, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux

avant-propos

Toutes les louanges appartiennent à Allâh Seul; et que la prière et le salut soient sur celui dont aucun Prophète ne viendra après lui. Dans les pages qui vont suivre, l’illustre et éminent érudit, l’Imam An-Nawawi -qu’Allâh lui accorde Sa miséricorde- passe en revue les très louables et nobles caractères dont était doué notre Prophète Mouhammed -sur lui la prière et le salut-. C’est, une fois de plus, un rappel offert aux musulmans Et rappelle; car le rappel profite aux croyants. ﴿ Adh-Dhêriyêt (Les vents qui éparpillent), v. 55, puisse cela leur servira pour toujours aller de l’avant dans le perfectionnement de leur comportement. Le bon comportement étant en fait la condition sine qua non de l’affiliation à cette très belle religion: l’islam. Dans ce sens, le Prophète -sur lui le salut- énonce : «Je suis certes envoyé pour parfaire les nobles caractères. »[1] C’est pourquoi, d’ailleurs, les savants accordent une attention toute particulière à ce sujet, et c’est dans cette perspective que l’imam An-Nawawi a voulu commencer son livre Élagage des noms propres et des langues en le débutant par l’honorable nom du Prophète- sur lui le salut-, et où il a réservé un chapitre spécialement à son noble comportement. Mentionnons, en passant, que toutes les informations contenues dans ce chapitre relatant les caractères du Messager -sur lui le salut, sont dans la réalité rapportées par des voies narratives attestées et acceptées des spécialistes du Hadith, comme le note d’ailleurs l’illustre auteur à la fin de son chapitre. Ceci étant, et louange à Allâh, Le Seigneur de l’univers!

Le Prophète -prière et salut d’Allâh sur lui- était l’homme le plus généreux; et il se faisait beaucoup plus généreux durant le mois de Ramadan[2]. Il était aussi le meilleur homme en apparence physique et en comportement, ayant la poignée la plus douce, l’odeur la plus bonne, et la raison la plus parfaite. C’était le meilleur de tous concernant la fréquentation, le plus connaisseur d’Allâh, Le craignant beaucoup plus que quiconque. Il ne s’énervait jamais pour une cause personnelle, et ne se vengeait point pour soi. Mais, quand quelqu’un transgressait les interdits d’Allâh -Puissance et Majesté à Lui-, dans ce cas, il se mettait en colère et rien ne le décolérait jusqu’à ce qu’il fasse triompher la vérité. Quand il s’énervait, il détournait son visage et se renfrognait. Son comportement était l’interprétation du Qour’ên. Il était le plus modeste d’entre les gens. Il réalisait les besoins de sa famille, et il se comportait humblement avec les faibles, et d’ailleurs, jamais on ne lui a demandé une chose à laquelle il répondait en disant non! Il était certes l’homme le plus longanime.

Il était aussi plus pudique qu’une femme vierge retirée dans sa gynécée. Les gens proches ou éloignés, les forts et les faibles étaient tous égaux pour lui concernant la vérité. Il n’a jamais sous-estimé une nourriture, s’il la désirait, il la mangeait, sinon, il la laissait. Il ne mangeait pas appuyé ni à table. Il mangeait avec mesure et ne s’empêchait pas d’un aliment licite. Il aimait bien les sucreries, le miel et avait du plaisir pour la citrouille. Il a dit une fois : «Quelle bonne sauce est la sauce aux dattes!»[3], et il a aussi dit: «Le mérite de ‘Â’icha par rapport au reste des femmes, est tel le mérite du tharîd (panade) par rapport au reste des nourritures.»[4] Et la partie du mouton qu’il aimait davantage était le gigot.

Or, Aboû Houreyra -qu’Allâh l’agrée- a dit : «Le Messager d’Allâh -prière et salut d’Allâh sur lui- est sorti de ce bas-monde sans ne s’être jamais rassasié du pain d’orge!»[5] C’est-à-dire, par indigence. De plus, il arrivait qu’un mois ou deux passèrent sans qu’un feu ne se fasse allumer dans aucune de ses maisons. Et il acceptait de manger d’une nourriture qu’on lui offrait, et ne mangeait pas d’une aumône. Et il récompensait celui qui lui donne un présent par un autre. Il réparait les chaussures, raccommodait les  vêtements, rendait visite aux malades, et honorait l’invitation des gens qui l’invitent, qu’ils soient riches ou pauvres, nobles ou humbles. Il ne méprisait personne.

Parfois, il s’asseyait accroupi, et quelquefois, il croisait les jambes, et par moments, il s’asseyait en s’appuyant [sur quelque chose]. Cependant, la position qu’il prenait le plus souvent pour s’asseoir était d’accrocher ses bras autours de ses jambes. Aussi, il mangeait avec ses trois doigts, et les léchait, et respirait par trois fois hors du récipient quand il buvait. Il parlait en usant d’aphorismes[6] et répétait son propos trois fois pour qu’il soit compris. Ses paroles étaient très claires, quiconque les écoute, les comprend, mais il ne parlait pas sans intérêt. Il ne s’asseyait et ne se levait qu’en invoquant Allâh -Très-Haut-.

Parmi les bêtes qu’il a enfourchées le cheval, le chameau, l’âne, la mule. Il prenait en croupe sur une chamelle et sur un âne, et ne laissait personne marcher derrière lui.

Il lui est advenu d’attacher une pierre contre son ventre de faim, et il lui arrivait ainsi que sa famille de passer plusieurs nuits sans n’avoir rien mangé. Son lit était fait de cuir bourré de fibres de palmier. Il faisait en sorte de se désintéresser de toutes les jouissances du bas-monde. Allâh -Très-Haut soit-Il- lui a donné les clés des trésors de la terres toute entière, mais il a refusé de les prendre, et y a préféré l’au-delà.

Il invoquait fréquemment Allâh, et était tout le temps pensif. La plupart de son rire était seulement de sourire. Mais il riait par moment jusqu’à laisser apparaître ses incisives. Il aimait le parfum et détestait la mauvaise odeur. Il plaisantait, mais ne disait que vérité. Il acceptait les excuses de celui qui les lui présentait, et était tel qu’Allâh Très-Haut l’a décrit Certes, un Messager pris de vous, est venu à vous, auquel pèsent lourd les difficultés que vous subissez, qui est plein de sollicitude pour vous, qui est compatissant et miséricordieux envers les croyants.﴿  At-Tewba (Le Repentir ou le Désaveu), v. 128; et Il a aussi dit -qu’Il soit Très-Haut- et prie pour eux, ta prière est une quiétude pour eux. ﴿ At-Tewba (Le Repentir ou le Désaveu), v. 103.

Et il faisait ses reproches de manière indirecte, tel que de dire : «Qu’ont-ils certains gens? Ils exigent des conditions qui ne sont pas dans le Livre d’Allâh Très-Haut!»[7] Ainsi que d’autres paroles dans ce sens. Il ordonnait également la douceur et y insistait, et interdisait l’agressivité et incitait au pardon, à l’excuse et aux nobles caractères.

Il aimait le côté droit dans sa purification[8], et quand il se coiffait et se chaussait et dans toutes ses affaires. Quant à sa main gauche, il s’en servait pour ses toilettes et pour les choses souillantes. Et quand il dormait, il s’allongeait sur son flanc droit, en direction de la qibla.

Ses assises étaient pleines de longanimité, de pudeur, de confiance, de préservation, de patience et de tranquillité. On n’y élevait pas la voix, et on n’y citait pas les femmes. Par la crainte pieuse, on s’y comportait mutuellement avec sympathie et humilité; on y vénérait les personnes âgées et compatissait avec les petits. On y éprouvait de l’altruisme envers les indigents, préservait l’étranger et partaient en guides vers le bien.

Et il harmoniser avec ses compagnons. Il honorait la personne honorable de chaque groupe, et lui accordait la direction des affaires de ce dernier. Et il cherchait après ses compagnons. Il n’était point abject, ne recherchait jamais l’abjection et n’échangeait pas une mauvaise action contre une autre; bien au contraire, il pardonnait et excusait. Il n’a jamais frappé un servant avec sa main, ni une femme et ni n’importe quelle autre chose, à moins de combattre dans le sentier d’Allâh. Et on ne lui donnait point le choix entre deux choses, sans qu’il n’opte pour la plus facile, tant qu’elle n’est pas un péché. Les preuves de tout ce que je viens de mentionner sont notoires dans les hadiths authentiques.

Allâh -Exalté et Très-Haut soit-Il- lui a rassemblé les parfaits caractères et les bonnes qualités. Il lui a accordé la science des premiers et des derniers hommes, ce qui y contient le salut et le succès, alors qu’il était illettré, il ne savait ni lire ni écrire et n’en avait aucun enseignant parmi les humains. Allâh lui a octroyé ce qu’Il n’a donné à aucune créature, et l’a élu d’entre toutes les premières et dernières générations, prières et salut d’Allâh sur lui, perpétuels qu’ils soient jusqu’au Jour de la Rétribution.

Il est attesté dans L’Authentique, d’après Anas Ibn Mêlik -qu’Allâh l’agrée- : «Je n’ai point touché de soie ni de satin plus doux que la poignée du Messager d’Allâh -prière et salut d’Allâh sur lui-; et je n’ai jamais senti une odeur plus bonne que l’odeur du Messager d’Allâh! J’ai servi le Messager d’Allâh -sur lui la prière et le salut- durant dix ans, mais il ne m’a jamais dit: » Peuh! » Il n’a aussi jamais dit d’une chose que j’ai faite: » Pourquoi l’as-tu faite? » Comme il n’a jamais dit d’une chose que je n’ai pas faite : »Ne ferais-tu pas telle chose? »»[9]

[Et louange à Allâh par Qui s’accomplissent les bonnes œuvres!]

Textes connexes:

La place du bon comportement en islam, publié sur: http://scienceetpratique.com/?p=1237

Le mérite de suivre la Sounna du Prophète, publié sur: http://scienceetpratique.com/?p=1024

Voici ce qu’ils disent du Prophète, publié sur: http://scienceetpratique.com/?p=438

Faire triompher le Messager Élu, publié sur: http://scienceetpratique.com/?p=107

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[1]Hadith rapporté par Ahmed, El Boukhârî (dans El Adeb), El Hêkim et d’autres.

[2]NDT. Lire pour ce sujet de générosité du Propète sur lui le salut au mois de Ramadan, notre article «Le mois de Ramadan, un mois de culte qui témoigne de la perfection de l’islam», publié sur: http://scienceetpratique.com/?p=1072

[3]Hadith rapporté par Mouslim, n° 2051, d’après ‘Â’icha -qu’Allâh l’agrée-, et aussi d’après Djêbir Ibn ‘Abd Allâh -qu’Allâh l’agrée- au n° 2052.

[4]Hadith rapporté par El Boukhârî, n° 5418; et par Mouslim, n° 2431, d’après Aboû Moûcê El Ach’arî -qu’Allâh l’agrée-; et il est aussi rapporté par El Boukhârî également, n° 5419; et par Mouslim, n° 2446, d’après Anas Ibn Mêlik -qu’Allâh l’agrée-.

[5]Hadith rapporté par El Boukhârî, n° 5414.

[6]NDT. L’aphorisme djawêmi’ el kalim, en arabe, c’est toute parole contenant peu de mots mais ayant des significations très riches.

[7]Hadith rapporté par El Boukhârî, n° 2735; et par Mouslim, n° 1504, d’après ‘Â’ciha -qu’Allâh l’agrée-.

[8]NDT. Cela veut dire qu’il posait son récipient sur le côté droit pour faire ses ablutions et commençait par les membres droits puis gauches.

[9]Hadith rapporté par El Boukhârî, n° 3561; et par Mouslim, n° 2330.