Le contexte a un rôle déterminant dans l’analyse sémantique des termes islamiques

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Dans les études du sens des mots, le contexte en est un paramètre d’analyse capital. Cela étant, dans l’analyse lexico-sémantique, prendre en compte le sens des termes comme ls sont identifiés dans le contexte est une tâche à laquelle l’on doit s’y étaler sans cesse. Eu égard de son rôle incontournable dans  l’imputation des signifiés spécialisés aux mots pour ainsi en faire des termes, le contexte se révèle être l’entourage ou l’environnement des mots qui subissent des sensures,  en reprenant le terme de Robert Laffont, c’est-à-dire qu’on les prive de leurs sens communs ou ordinaires listés dans les dictionnaires de langue et auxquels on affecte de nouveaux sens, cette fois-ci spécialisés et répondant à la classification de la terminologie à laquelle ils appartiennent. Dans leur présentation de leur ouvrage Sémantique des termes spécialisés, Valérie Delavigne et Myriam Bouvert, mettent en exergue l’impossibilité de se passer du contexte dans l’étude sémantique des termes en disant : « On ne peut interpréter le sens des termes en dehors des contextes dont ils sont issus : ce n’est que par un artefact que les dénominations spécialisées sont réduites à des systèmes de classification à l’image des taxinomies. »[1]

Sachant de plus que c’est par l’effet de l’emploi contextuel d’un mot que celui-ci perd son statut de lexème pour se convertir en vocable, c’est-à-dire ce que des linguistes comme Milner[2] désignent par le nom de référence virtuelle, autrement sa signification dans la langue, et par le nom de référence actuelle, son sens précis dans le discours, donc également en terminologie, celle-ci même étant un discours scientifique. De son côté, dans ses Clefs pour la sémantique, Georges Mounin met l’accent sur l’importance du contexte auquel l’on doit se restreindre dans l’identification du sens des termes ; il stipule : « Le sens d’un terme peut et doit être extrait de la somme de ses emplois, et de là seulement, sans recourir à des définitions extrinsèques au corpus. »[3]

Habituellement, pour définir les différentes acceptions que porte une lexie donnée, le linguiste peut avoir recours, dans le contexte, à prendre en charge l’étude des occurrences du terme ainsi que les catégories (nom, verbe, adj.) qu’il occupe dans chaque occurrence en interrelation avec les autres unités de la séquence. Pour clarifier ce procédé, Christian Baylon et Paule Fabre écrivent :

« À côté du contexte, la linguistique peut recourir au critère formel que constitue la place de telle unité lexicale dans un tel ou tel énoncé. Elle peut recourir à la distribution, ensemble de toutes les positions qu’une unité linguistique peut occuper par rapport à toutes les classes d’autres unités ; par exemple, la distribution de beaucoup est différente de celle de très ; d’où l’idée que ‘’toutes différence sémantique ne se manifeste pas dans une différence syntaxique mais [que] à chaque différence syntaxique correspond une différence sémantique’’. Le verbe trainer a des sens différents selon qu’il a ou non un complément d’objet : trainer un fardeau / trainer en chemin. »[4]

Aboû Fahima.

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[1] Delavigne V., Bouveret M., « Présentation. Sémantique des termes spécialisés », Publications de l’Université de Rouen, p. 7-15, 2000, Dyalang. ffhal-00920638. [En ligne], consulté le 18/09/2017, URL : https://hal.science/hal-00920638v1/document

[2] Cité par Mortureux M. F., p 11-12.

[3] Mounin G., Clefs pour la sémantique, Seghers, Paris, 1972, p. 86.

[4] Baylon C., et Fabre P., op. cit., pp. 136-137.