Convergences critiques sur la traduction littérale

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Nous rapportons ici à nos chers lecteurs et traducteurs soucieux de reproduire fidèlement les Textes islamiques en langue française, deux jugements rendus par deux brillants érudits et à deux époques lointaines. Le premier est dû à Bachet de Méziriac, au 17ème siècle et le second revient à l’Imam Ibn Badis au 20ème siècle :

Méziriac écrit : « La beauté du langage ne suffit pas pour faire estimer une traduction excellente. Il n’y a personne qui n’avoue que la qualité la plus essentielle à un bon traducteur, c’est la fidélité. » (Méziriac, 1635, cité par Ballard, 164, 1992).

Quant à Ibn Badis, grand de défenseur de la traduction littérale pour les Textes religieux, et avec son ton décisif, il énonce en enseignant :

« Le traducteur est alors tenu de bien comprendre les mots et les phrases ; mot par mot et phrase par phrase ; et de bien comprendre également le style avec lequel est écrit l’article, dans lequel les phrases sont organisées jusqu’à ce que les unes soient bien liées aux autres. Le traducteur n’aura certes pas accompli son devoir excepté s’il conçoit tout cela et le reproduit en langue française de façon nette. Par contre, s’il résume les paroles, les suspend, en supprime certaines phrases ou n’assimile pas toutes leurs visées, il n’aura bien entendu pas accompli son devoir. Il aura, tout au contraire, commis un crime contre l’auteur, contre ceux desquels celui-ci rapporte, contre le journal diffuseur et contre les lecteurs pour lesquels il a traduit. Nous mentionnons cela aux messieurs les traducteurs pour leur rappeler l’immensité de leur responsabilité, dont la moindre négligence, nuit à nous, l’ensemble des écrivains arabes, et de façon qui ne se limite pas seulement à nous, mais qui atteint aussi la presse et la Nation. » (Ibn Badis, Ayad, 2016).

La traduction littérale ꟷ seul garant de la fidélité au fond et à la forme du Texte de départ, et qui est aux antipodes de la traduction libre ou belles infidèles, où « le traducteur » est des moins soucieux de toute notion de fidélité ꟷ, est un goût, une prédisposition personnelle à l’exactitude de la pensée et du mot… C’est un don que l’on cultive, avant qu’elle ne soit un art ou un métier !

Dr Aboû Fahîma ‘Abd Ar-Rahmên AYAD.

Références 

  1. BALLARD Michel (1992). De Cicéron à Benjamin. Traducteurs, traduction, réflexions. Lille, Presses universitaires.
  2. IBN BADIS Abd El Hamid (1928), « La responsabilité du traducteur face à la nation et son gouvernement », Alger, revue Ach-Chihêb, n°156, du 1er safar 1347, corr. au 19 juillet 1928, traduction de Abderrahmane Ayad. En ligne, consulté le : 13/04/2024. URL : https://scienceetpratique.com/la-responsabilite-du-traducteur/