Comment traduire un mot correctement ?
Dans la recherche des équivalences, le traducteur doit explorer les sens des mots à l’épuisement. Il s’agit d’une opération double sur les deux langues arabe et française. Autrement, il faudra dans un premier temps cerner à l’esprit les différents sens du mot en question en arabe puis en français. Quand le traducteur est expérimenté, la recherche des premiers équivalents potentiels sera presque une question de réflexe ou d’intuition. Dans un second temps, il aura recours aux dictionnaires pour explorer les définitions du mot qu’il veut traduire. Il consultera de ce fait des dictionnaires monolingues: arabe et français et bilingues, arabe/français et français/arabe.
Cette recherche pourrait paraître compliquée pour un débutant, mais elle est indispensable pour atteindre à une traduction correcte.
Une fois certes tâche est effectuée, il passera à la reconstitution du mot à traduire en l’affectant à son contexte.
Le contexte est un standard de sens à ne jamais négliger. C’est-à-dire que le sens à reconstruire qu’on aura prélevé d’un dictionnaire doit être déterminé selon le contexte dans lequel le mot apparaît.
Il est à préciser qu’aucun dictionnaire n’est complet. Étant élaborés sur des corpus, les dictionnaires tout comme les corpus ne sont pas exhaustifs. C’est pourquoi il arrive parfois de ne pas trouver d’équivalent au mot que l’on veut traduire. Les dictionnaires ne nous les donnent pas.
Cette problématique surgit le plus souvent dans la traduction des termes spécialisés. La perspicacité du traducteur devra donc intervenir pour parvenir à produire un équivalent juste. Il peut parfois s’agir de donner plusieurs mots en français pour un seul en arabe. On opte ainsi pour la périphrase, la paraphrase, etc.
Un exemple capital de mot très ordinaire dans le langage islamique, car on n’arrête jamais de l’utiliser, mais qui n’a étrangement pas de vrai équivalent en français pourrait illustrer ce fait lexical ; c’est celui de tewfîq (التوفيق) !
Et, puisque l’usage veut que les mots de la langue générale ou commune changent de sens à chaque fois l’emploi dans le contexte est différent, l’effort du traducteur à déceler le sens exact du mot en contexte en analysant l’environnement lexico-sémantique de ce mot puis en déterminant son équivalent, par sa sélection dans la liste proposée par le dictionnaire, s’il en donne un, sinon par la reconstruction du sens par son propre effort.
Ces faits de langue qui entourent la tâche du traducteur islamique dans le choix du mot exact dans l’autre langue, montre à quel point son travail est ardu, ce qui prouve par ricochet que sa responsabilité est grande, car il s’agit de religion, mais cela signifie également que quand le traducteur est conscient de l’ampleur du dépôt à remettre et qu’il est consciencieux dans son exercice, sa récompense divine sera certes immense.
Aboû Fahima.
Publié sur : https://scienceetpratique.com/12324-2/