باب فضل السُّحور وتَأخيرهِ ما لم يَخشَ طُلوعَ الفَجر
من شرح رياض الصّالحين
لفضيلة الشّيخ العلّامة
محمّد بن صالح العثيمين –رحمه الله تعالى-
ترجمه إلى اللّغة الفرنسيّة
أبو فهيمة عبد الرّحمن عيّاد البجائي
Chapitre « Le mérite du souhoûr et de son retardement tant que l’on ne craint pas que l’aube se lève »
Extrait de l’Explication des jardins des pieux
De son Éminence, l’illustre érudit, le cheikh
Mouhammed Ibn Sâlih El ‘Outheymîn
-qu’Allâh lui fasse miséricorde-
Traduit de l’arabe par
Aboû Fahîma ‘Abd Ar-Rahmên Ayad
بسم الله الرّحمن الرّحيم
عن أنس رضي الله عنه قال: قال رسول الله صلّى الله عليه وسلّم : »تسحّروا؛ فإنّ في السُّحور بركة ». متّفق عليه.
وعن زيد بن ثابت رضي الله عنه قال: »تسحّرنا مع رسول الله صلّى الله عليه وسلّم ثمّ قمنا إلى الصّلاة، قيل: كم كان بينهما؟ قال: قدرٌ خمسين آية ». متّفق عليه.
وعن ابن عمر رضي الله عنه قال: كان لرسول الله صلّى الله عليه وسلّم مؤذّنان: بلالٌ وابن أمِّ مكتوم، فقال رسول الله صلّى الله عليه وسلّم: « إنّ بلالا يؤذّن بليل؛ فكلوا واشربوا حتّى يؤذّن ابن أمّ مكتوم » قال ولم يكن بينهما إلّا أن ينزل هذا ويرقى هذا ». متّفق عليه.
وعن عمرو بن العاص رضي الله عنه أنّ رسول الله صلّى الله عليه وسلّم قال : »فضلّ ما بين صيامنا وصيام أهل الكتاب أكلةُالسَّحَر ». رواه مسلم.
الشّرح
ذكر المؤلّف –رحمه الله تعالى- باب فضل السّحور يقال: السَّحور والسُّحور ، فالسَّحور: الأكل الذي يتسحّر به الإنسان، والسُّحور (بالضم): الفعل يعني: تسحّر الإنسان.
والسُّحور حثّ عليه النّبيّ صلّى الله عليه وسلّم بقوله وأيّده بفعله، فقال النّبيّ صلّى الله عليه وسلّم : »تسحّروا؛ فإنّ في السُّحور بركة » فأمر، وبيّن. أمر بأن نتسحّر ، وبيّن أنّ في السَّحور بركة، فمن بركة السَّحور امتثال أمر النّبيّ صلّى الله عليه وسلّم، امتثال أمر النّبيّ صلّى الله عليه وسلّم كلّه خير، كلّه أجر وثواب، ومن بركته أنّه معونة على العبادة، فإنّه يعين الإنسان على الصّيام، فإذا تسحّر كفاه هذا السَّحور إلى غروب الشّمس، مع أنّه في أيّام الإفطار يأكل في أوّل النّهار، وفي وسط النّهار، وفي آخر النّهار، ويشرب كثيرا، فينزل الله البركة في السَّحور، يكفيه من قبل طلوع الفجر إلى غروب الشّمس، ومن بركته، أنّه يحصل به التّفريق بين صيام المسلمين وصيام غير المسلمين، ولهذا بيّن النّبيّ صلّى الله عليه وسلّم أنّ فصل ما بيننا وبين صيام أهل الكتاب أكلة السَّحر، يعني السّحور؛ لأنّ أهل الكتاب يصومون من نصف اللّيل فيأكلون قبل منتصف اللّيل، لا يأكلون في السّحر. أمّا المسلمون ولله الحمد فيأكلون في السَّحر، في آخر اللّيل.
والتّمييز بين المسلمين والكفّار أمر مطلوب في الشّرع، ولهذا نهى النّبيّ صلّى الله عليه وسلّم عن التّشبّه بهم، قال : » خالفوا المجوس، وفّروا اللّحى، وحفّوا الشّوارب[1]« ، يعني: أَرْخوا اللّحى، لا تقصّوها ولا تحلقوها، وقال صلّى الله عليه وسلّم : » من تشبّه بقوم فهو منهم[2]« . وينبغي أن يؤخّر السُّحور إلى قبيل طلوع الفجر، ولا يتقدّم؛ لأنّ النّبيّ صلّى الله عليه وسلّم قال : » لأ تزال أمّتي بخير ما عجّلوا الإفطار وأخّروا السُّحور[3]« ، وقال صلّى الله عليه وسلّم : » إنّ بلالا يؤذّن بليل؛ فكلوا واشربوا حتّى يؤذّن ابن أمّ مكتوم، فإنّه لا يؤذّن حتّى يطلع الفجر[4]« .
وأمّا قوله في الرّواية التي ساقها المؤلّف : » ولم يكن بينهما إلّا أن ينزل هذا ويصعد هذا »، فهذه مدرجة في الحديث، شاذّة، ليست صحيحة؛ لأنّ أمر النّبيّ صلّى الله عليه وسلّم بالأكل والشّرب حتّى يؤذّن ابن أمّ مكتوم دليلٌ أنّ بينهما فرقاً كبيراً يتّسع للأكل والشّرب والسُّحور، فهي جملة ضعيفة شاذّة، لا عمدة عليها.
وقد بيّن زيد بن ثابت رضي الله عنه حينما ذكر أنّه تسحّر مع النّبيّ صلّى الله عليه وسلّم ثمّ قاموا إلى الصّلاة، ولم يكن بينهما إلّا قدر خمسين آية، خمسون آية: من عشر دقائق إلى ربع السّاعة، إذا قرأ الإنسان قراءة مرتّلة أو دون ذلك. وهذا يدلّ على أنّ الرّسول صلّى الله عليه وسلّم يؤخّر السُّحور تأخيراً بالغاً، وعلى أنّه يقدّم صلاة الفجر ولا يتأخّر، ثمّ إنّه ينبغي للإنسان عند تسحّره أن يستحضر أنّه يتسحّر امتثالاً لأمر الله ورسوله، ويتسحّر مخالفة لأهل الكتاب، وكرهاً لما كانوا عليه، ويتسحّر رجاء البركة في هذا السَّحور، ويتسحّر استعانة به على طاعة الله، حتّى يكون هذا السَّحور الذي يأكله خيراً وبركة وطاعة. والله الموفّق.
المصدر: كتاب شرح رياض الصّالحين، للعلّامة ابن العثيمين، ج. 5، ص. 283-285.
Au Nom d’Allâh, Le Tout-Miséricordieux, Le Très-Miséricordieux
D’après Anas Ibn Mêlik -qu’Allâh l’agrée-, le Messager d’Allâh -prière et salut d’Allâh sur lui- a dit : « Prenez le sahoûr[5], car, certes, il y a dans celui-ci de la bénédiction ». Unanimement reconnu authentique.
Et d’après Zeyd Ibn Thêbit -qu’Allâh l’agrée- : « Nous avons pris une fois le sahoûr avec le Messager d’Allâh -Prière et Salut d’Allâh sur lui-, ensuite nous nous sommes levés pour accomplir la salât; quelqu’un lui a demandé: Combien de temps y avait entre les deux? Il lui a répondu: Il y avait un intervalle de cinquante versets à réciter ». Unanimement reconnu authentique.
Et d’après Ibn ‘Oumar -qu’Allâh les agrée- : « Le Messager d’Allâh -Prière et Salut d’Allâh sur lui- avait deux appeleurs à la salât: Bilêl et Ibn Oumm Mektoûm. Le Messager d’Allâh -Prière et Salut d’Allâh sur lui- a dit: Bilêl appelle à la salât alors qu’il fait encore nuit; mangez et buvez jusqu’à l’appel d’Ibn Oumm Mektoûm. Il [le rapporteur] a dit: Et il n’y avait entre les deux que le temps que l’un descende et que l’autre monte [pour faire l’appel] ». Unanimement reconnu authentique.
Et d’après ‘Amr Ibn El ‘Âs -qu’Allâh l’agrée-, le Messager d’Allâh -prière et salut d’Allâh sur lui- a dit : « Le mérite se trouvant entre notre jeûne et le jeûne des Gens du Livre (les juifs et les chrétiens) est dans le repas (l’aliment) du sahar ». Rapporté par Mouslim.
Le sahoûr est le repas que prend l’homme, quant au souhoûr, c’est l’acte, c’est-à-dire le fait que l’homme prenne son sahoûr.
Le Prophète -prière et salut d’Allâh sur lui- a incité au souhoûr par son dire et l’a confirmé par son faire. Il a dit -prière et salut d’Allâh sur lui- : « Prenez le sahoûr, car, certes, il y a dans celui-ci de la bénédiction ». Il a donc ordonné et éclairé [ce sujet]. Il nous a intimé de prendre le sahoûr, et il a aussi stipulé qu’il y a de la bénédiction dans ce dernier.
Ainsi, fait partie de la bénédiction du sahoûr, le fait d’observer l’ordre du Prophète -prière et salut d’Allâh sur lui-. Et, sans aucun doute, l’observance des ordres du Prophète -prière et salut d’Allâh sur lui- est, à part entière, un bien, une récompense et une bonne œuvre.
Il est aussi de la bénédiction du sahoûr le fait qu’il soit une fortification pour accomplir les œuvres d’adoration, car il aide l’homme à jeûner; et ainsi, quand celui-ci prend son sahoûr, il lui suffira jusqu’au coucher du soleil. Quoique dans les jours où il ne jeûne pas, il mange au début de la journée, à son milieu et à sa fin, et il boit aussi beaucoup; mais Allâh fait descendre de la bénédiction dans le sahoûr, et ainsi il lui suffira avant même le lever de l’aube et jusqu’au coucher du soleil.
Et il fait également partie de sa bénédiction, le fait qu’il permette de distinguer entre le jeûne des musulmans et celui des nom-musulmans. C’est pourquoi le Prophète -prière et salut d’Allâh sur lui- a démontré que ce qui fait la distinction entre nous et le jeûne des Gens du Livre est bien le repas du sahar, c’est-à-dire le sahoûr. Car, les Gens du Livre (les juifs et les chrétiens) jeûnent à partir de la moitié de la nuit; ils mangent avant « minuit », et ne mangent pas au sahar. Les musulmans, par contre, Loué soit Allâh, mangent au sahar, à la fin de la nuit.
De plus, la différenciation entre les musulmans et les mécréants est une chose requise par la charia. D’ailleurs, c’est pour cela que le Prophète -prière et salut d’Allâh sur lui- a interdit de se faire ressembler à eux, il a dit, [par exemple] : « Différenciez-vous des mazdéens (madjoûs): laissez grandir vos barbes et taillez vos moustaches ».[6] Cela veut dire: lâchez vos barbes, ne les coupez pas et ne les rasez pas. Et il a aussi dit -prière et salut d’Allâh sur lui- : « Quiconque se fait ressembler à un peuple, en fait partie ».[7]
Par ailleurs, il convient de retarder le sahoûr jusqu’à l’avant-lever de l’aube (fedjr), et ne pas l’avancer. Car, le Prophète -prière et salut d’Allâh sur lui- a dit : « Ma communauté est toujours dans le bien du moment qu’elle précipite la rupture du jeûne et retarde le souhoûr ».[8] Et il a aussi dit -prière et salut d’Allâh sur lui- : « Bilêl appelle à la salât alors qu’il fait encore nuit; mangez et buvez jusqu’à l’appel d’Ibn Oumm Mektoûm, car celui-ci ne le fait jusqu’à ce que l’aube se lève ».[9]
Quant à son dire, dans la version mentionnée par l’auteur (An-Nawawî), « Il a dit: Et il n’y avait entre les deux que le temps que l’un descende et que l’autre monte [pour faire l’appel] », cette partie est insérée dans le hadith, elle est chêdhdha (opposée à la version attestée), et n’est pas authentique. En effet, l’ordre du Prophète -prière et salut d’Allâh sur lui- de manger et de boire jusqu’à ce qu’Ibn Mektoûm appelle à la prière est une preuve qu’il y a en fait un grand intervalle entre les deux (lui et Bilêl), permettant de manger, boire et faire le souhoûr. C’est donc une phrase faible et chêdhdha, n’ayant aucun apport. De plus, Zeyd Ibn Thêbit -qu’Allâh l’agrée-, lorsqu’il a cité qu’il a fait le souhoûr avec le Prophète -prière et salut d’Allâh sur lui-, il a stipulé qu’ils se sont ensuite levés pour accomplir la salât, et qu’il n’y avait entre elle et le souhoûr que la durée que prend la récitation de cinquante versets. Cinquante versets, cela durera dix minutes ou un quart d’heure, quand l’homme les récitera d’une manière plus ou moins psalmodiée.
Au fait, cela montre que le Messager -prière et salut d’Allâh sur lui- retardait exagérément le souhoûr; et qu’il avançait la prière du fedjr et ne tardait pas de l’accomplir. Enfin, il convient à l’homme lors de son souhoûr de concevoir qu’il est en train de l’accomplir par observance de l’ordre d’Allâh et de Son Messager, par opposition aux Gens du Livre et par haine à l’état dans lequel ils étaient. Il prend donc son sahoûr en y espérant la bénédiction, et en s’en appuyant pour obéir à Allâh, afin que le sahoûr qu’il mange soit un bien, une bénédiction et une obéissance; et c’est Allâh qui accorde la réussite.
Référence : Charh Riyâd As-Sâlihîn (L’explication du livre: Les jardins des pieux), de l’érudit Ibn ‘Outheymîn, tome 5, chapitre 221, pp. 283-285.
……………………
[1] سبق تخريجه.
[2] رواه أحمد (2/50)، وأبو داود: كتاب اللّباس، باب في لبس الشّهرة، رقم (3512).
[3] رواه أحمد (5/147).
[4] رواه البخاري: كتاب الصّوم، باب قول النّبيّ صلّى الله عليه وسلّم لا يمنعنّكم، رقم (1785)، ومسلم: كتاب الصّبام، باب بيان أنّ الدّخول في الصّوم يحصل بطلوع الفجر، رقم (1829).
[5] NDT. Le terme de souhoûr, avec une damma sur le sîn, en arabe, signifie l’action de manger et/ou de boire avant l’aube dans l’intention de jeûner. Ce terme, avec celui de sahoûr et de sahar, forment un triple paronymique, c’est-à-dire qu’ils sont tous trois des paronymes (djinês). Le sahoûrveut dire l’aliment (dattes, repas, eau, etc.) que prend le jeûneur au sahar (avant l’aube). Contrairement à la Sounna qui cite ces trois termes, dans le Qour’ên, seulement celui de sahary est cité; une fois au singulier dans Sa Parole -Très-Haut- ﴾Nous lâchâmes sur eux un ouragan, excepté la famille de Lôtque Nous sauvâmes avant l’aube﴿ El Qamar (La Lune), v. 34; et deux fois au pluriel dans ﴾Ce sont les endurants, les véridiques, les obéissants, ceux qui dépensent (dans le sentier d’Allâh) et ceux qui implorent pardon juste avant l’aube﴿ Êl ‘Imrân (La Famille d’Imran), v. 17; et dans ﴾et avant l’aube ils implorent le pardon [d’Allâh]﴿ Adh-Dhêriyêt (Les Vents Qui Éparpillent), v. 18. Voir pour ces versets el Mou’djem el Moufehrès de Mouhammed Fou’êd ‘Abd El Bêqî et Le commentaire du Qour’ên du cheikh As-Sè’dî -qu’Allâh leur fasse miséricorde-.
[6] Hadith recensé précédemment.
[7] Rapporté par Ahmed (2/50), Aboû Dêwoud dans Kitêb el-Libês, Bêb fî libês ach-chouhra, n° 3512.
[8] Rapporté par Ahmed (5/147).
[9] Rapporté par El Boukhârî dans Kitêb As-Sawm, bêb qawl an-nabiyy salla Allâhou ‘aleyhi wa sallem lê yamna’annakoum…, n° (1829).