À l’intention des musulmans et traducteurs français et francophones 

Commentaire et explication concernant l’erreur courante de traduire le nom du verset El Koursî (آية الكرسي)  par le verset du « repose-pied.s)

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Par Dr Aboû Fahîma ‘Abd Ar-Rahmên Ayad

Maître de conférences en linguistique et sciences du langage

Doctorat en lexicologie et sémantique

Thèse sur la terminologie islamique en langue française

Études universitaires en sciences islamiques et en traduction

 

Commentaire et explication rédigés dans ma traduction de La Croyance d’El Wâcitiyya, du cheikh de l’islam, l’Imam Ibn Teymiyya -Puisse Allâh lui accorder Sa vaste miséricorde !-, pp. 16-17, éd. Zeino, 2009, Paris, France.

 

Relecture et révision : Rabî’ El Awwel 1440/décembre 2018

 

بسم الله الرَّحمن الرَّحيم

Au Nom d’Allâh, Le tout-Miséricordieux, Le Très-Miséricordieux

 

((Allâh ! Point de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par Lui-même « El Qayyoûm ». Ni somnolence, ni sommeil ne le saisissent. A Lui appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Qui peut intercéder auprès de Lui sans Sa permission ? Il connaît leur passé et leur futur. Et, de Sa science, ils n’embrassent que ce qu’Il veut. Son Koursî (Chaise, siège) englobe les cieux et la terre, dont la garde ne Lui coûte aucune peine. Et Il est le Très-Haut, le Très-Grand !)) El Baqara (La Vache), v. 255.

Commentaire :

Littéralement, le mot koursî, en arabe, veut dire Chaise. C’est une création d’Allâh autre que le Trône El ‘Arch. Je saisi en passant l’occasion pour rétorquer que l’équivalent « repose-pied » que certains auteurs et traducteurs donnent au mot koursî, est à délaisser tout à fait. Car il est fautif en même temps du point de vue religieux et linguistique. L’erreur est considérable selon plusieurs points, dont :

A- Le mot étant composé de deux entités différentes : repose, et pied sous-entend plusieurs sens erronés, entre autres :

  1. « Repose » signifie qu’il y a eu fatigue ! Une question s’impose : Nous est-il autorisé de décrire Allâh -Pureté à Lui- par la fatigue ?! Puisse Allâh nous en préserver. Allâh à Lui la Pureté a dit : ﴾En effet, Nous avons créé les cieux et la terre et ce qui existe entre eux en six jours, sans éprouver la moindre lassitude﴿ Qâf, v. 38.
  2. « Pied », cette seconde entité pose aussi problème. L’écrire au singulier ou au pluriel donne une spécification claire que nous ne retrouvons ni dans le nom du verset (koursî), ni dans son contenu sémantique. Certes nous avons la croyance qu’Allâh -Majesté à Lui- s’est décrit par l’Épithète du Ridjl (pied), et dans une version El Qadam, tel que cela est rapporté dans la Sounna authentique. Mais, linguistiquement, l’orthographe de ce mot jouit d’une latitude qui nous permet de l’écrire soit au pluriel soit au singulier (Repose-pied-s, Cf., le Larousse encyclopédique, et le Hachette encyclopédique). Or, les hadiths décrivent cette Épithète uniquement au singulier ! Chose qui nous pousse non seulement à ne pas utiliser cet « équivalent », mais tout aussi à translittérer le mot Koursî, ainsi, puis le suivre par une définition laconique entre parenthèses ou entre crochets.

B- Il se pourrait que « l’équivalence » que l’on veut faire de ce mot « repose-pied » soit composée à partir de la parole d’Ibn ‘Abbês -qu’Allâh les agrée- qui mentionne que le Koursî est au niveau des deux pieds d’Allâh -Exalté soit-Il-. Il a dit -qu’Allâh l’agrée- : « Le Koursî (la Chaise) est au niveau des deux Pieds ». Parole rapportée par Ibn Khouzeyma et authentifiée par El Albênî. Cependant, même si cette version est authentique en tant que hadith mewqoûf (qui provient d’Ibn ‘Abbês), et non merfoû ‘ (rapporté du Prophète), elle ne peut argumenter l’utilisation de « Repose-pied-s », car elle souligne seulement que le Koursî est au niveau des deux Pieds d’Allâh Tout-Puissant, et ne fait aucun réglage de sens par rapport au contenu sémantique de cet « équivalent ». Le réglage de sens sert en fait à acclimater des mots de la langue générale pour les utiliser dans le langage religieux, ici islamique. Ceci sans omettre la problématique de la dualité que les dictionnaires posent dans ce composite quant à l’entité « pied-s ».

C- De ce fait, dans le cas où « l’équivalence » serait constituée à partir de la parole d’Ibn ‘Abbês -qu’Allâh les agrée, lui et son père-, elle demeure incorrecte, parce qu’en fait ce noble compagnon ne fait référence ni au pied (au singulier), ni au repos et ni à la fatigue.

Enfin la solution pertinente pour la traduction du mot koursî, est d’utiliser l’équivalent fonctionnel Chaise, avec une majuscule à l’initiale, celle-ci étant la marque de la plus grande abstraction. Et Allâh en est plus savant.

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