Comment réaliser une traduction scientifique et correcte
Au Nom d’Allâh, et à Lui les louanges.
Il y a ici présent une partie de notre introduction à la traduction de l’épître Les fondements de la Sounna de l’Imam Ahmed, qu’Allâh lui fasse miséricorde. Il y a été question de mettre en lumière les conditions que le traducteur islamique doit remplir, s’il souhaite être un traducteur compétent et profitable. Cette partie a été aussi une occasion pour rendre un diagnostic clair et sans fard de la situation actuelle des traductions qui pullulent de nos jours sur le marché francophone. Cela étant dit, puisse Allâh nous venir en aide dans toute voie de bien et nous accorder le succès, êmîn !
Notre œuvre dans la traduction de cette épître :
Ma méthode dans la traduction de ce livre insigne est d’adopter la stratégie de « la traduction littérale contextuelle », c’est-à-dire ne jamais laisser aucun mot ni négliger aucune expression lors de la transposition du texte de départ (arabe) vers le texte d’arrivée (français), et ce par la sélection du sens dicté par le contexte ou l’environnement d’apparition du mot ou de l’expression en question. Les mots ou les unités lexicales ne pouvant être réellement comprises en dehors des relations coexistant avec les autres unités lexicales dans l’environnement phrastique. Autrement, chaque mot doit être nécessairement traduit dans le système des relations qui le lie à ses co-occurrents. Car, ce système, qui est celui des signes, ou des notions plus simplement, tellement sa nature structurelle, joue un rôle de cause à fait, de telle sorte que quand on a tel mot dans tel endroit de l’énoncé ou de la phrase, précédé et suivi de tels autres mots, son contenu sémantique sera chargé, contextuellement, de manière à indiquer un sens bien précis. La linguistique et les sciences du langage ont bien démontré et expliqué ce fait de lexique.
Ainsi nous nous somme attelé à trouver à chaque unité lexicale ou terminologique arabe son équivalent en français, du point de vue du sens et du point de vue de la structure morphosyntaxique, en respectant bien entendu les normes de la syntaxe française.
Cela étant posé, il est à noter que parmi les méthodes de traduction, ce choix est fait par nous, c’est-à-dire « la traduction littérale contextuelle » en est la plus laborieuse, mais elle est absolument la plus authentique et est plus précise. D’ailleurs, c’est celle-là même qui est adoptée dans certaines traductions des sens du Noble Qour’ên.
Elle exige en effet un surplus d’effort intellectuel, de concentration et de compréhension profonde du texte en plus d’une recherche longue et patiente, mais certes passionnante, dans les dictionnaires de langues arabe et française et dans les exégèses et les traductions idéales du Qour’ên. Cela sans ne jamais s’abstenir de tirer avantage des résultats de la recherche en linguistique moderne, le père spirituel de la traductologie. Car, au fait, la linguistique est la matrice nourricière de la traductologie. C’est bien elle qui l’a aidé à se former et lui a frayé le chemin vers la spécialisation et l’autonomie. Ainsi la linguistique, de par ses branches foisonnantes et pluridisciplinaires et à travers ses théories et ses postulats, est sans conteste une science qui permet de connaitre les langues, leurs similitudes et dissimilitudes, autant sur le plan des structures phrastiques et énonciatives que sur le plan des mots et du sens. Et c’est justement cela qui permet au traducteur islamique industrieux de produire une œuvre scientifique distinguée plus à même d’être appelée le jumeau du texte original.
En outre, nous ne pouvons à l’occasion passer sans décrire l’état général prévalant dans la traduction des livres de l’islam en langue française. Effectivement, et très désolément, la majorité des traductions répandues dans les vingt dernières années bondent d’impaires et de fautes, aux différents secteurs de la langue, que ce soit la langue arabe ou française, ce qui entraine des altérations au niveau du contenu des livres traduits. Et ce sont les traductions de nos frères non arabes.
Ces traductions, tout particulièrement en France, et dans la plupart du temps, sont motivées par des mobiles de gain et de commerce en réponse au désir de convoitise et d’avidité des maisons d’édition. Le souci de la vente et de l’achat a ainsi eu l’emprise sur le souci de la justesse et de l’authenticité dans la traduction. La traduction islamique en France est hyper-lucrative. Ceci en plus du niveau médiocre de ces traducteurs à la solde des éditions dans les deux langues arabe et française, et surtout dans la langue arabe. S’ajoute à ce drame, leurs incompétences avérées en traductologie et en science islamique. Tout cela est d’autant plus compliqué par la précipitation à éditer leurs travaux et les injecter sur le marché francophone.
Cette réalité sombre a en fait donné lieu à des traductions profuses avec un niveau scientifique et linguistique très faible qui ne sert pas en vérité la traduction islamique, dont le rôle est de transmettre la connaissance religieuse authentique, avec son style islamique et arabe et dans son esprit qui jaillit du Livre et de la Sounna, sans aucune adaptation, ni par ajout ni par omission, et sans déformation du sens des mots et des phrases et de leurs constructions.
Or, ce qu’on trouve aujourd’hui, sont des traductions fondues dans le moule de la culture française[1], élaborées dans un style à la francisante, au lieu de préserver l’identité islamique[2] des mots et des tournures arabes apparente dans le Texte, que le traducteur doit en vérité faire renaître dans son texte traduit. Celui-ci n’étant, de toute évidence, qu’un texte rené dans la langue cible.
C’est pourquoi, le traducteur qui active dans le champ de l’islam lui revient d’avoir conscience que la traduction islamique est si bien différente des autres traductions, qu’elles soient littéraires ou techniques. Les traductions obtenues s’écartant ainsi de ces repères linguistiques et religieux, finissent au bout du chemin à être très peu profitables, voire quelquefois même déroutantes, car elles mettent les lecteurs en erreur dans bien des passages. Très malheureusement !
La réalité et l’expérience des lecteurs ayant passé de longues années à se documenter sur l’islam à travers ces traductions mal opérées est une preuve irréfutable.
Et il en est également pareil pour ce qui concerne la translittération ou la transcription des mots arabes, qui ne respecte pas la prononciation des Arabes des mots de leur langue. Ces traducteurs transcrivent en fait les mots avec une prononciation déformée et dissonante, car elle est non arabe.[3]
Il est donc une obligation à tout étudiant ou jeune francophone motivé pour entrer dans le monde de la traduction islamique de se former religieusement, en étudiant la science islamique, et linguistiquement, en apprenant sérieusement les deux langues arabe et française, afin de les maitriser, de manière à ne rien négliger de ce dont a besoin le traducteur islamique qui parfait son travail de prédication.
Cela étant dit, dans cette épître distinguée, nous avons adopté, en plus de ce qui précède, la démarche suivante :
- Nous nous sommes basé sur trois ouvrages qui ont expliqué cet opuscule, afin de nous aider à comprendre certains mots ou termes ou tournures selon la visée de l’Imam, qu’Allâh lui fasse miséricorde. Il s’est particulièrement agit de L’explication de l’érudit ‘Abd El ‘Azîz Ar-Râdjihî, L’explication de l’érudit Rabî‘ Ibn Hêdî El Medkhalî et de L’explication du cheikh Mouhammed Sè‘îd Ar-Raslên, qu’Allâh les préserve tous et nous fasse profiter par leur science.
- La traduction des recensions des hadiths telles qu’elles sont émises dans L’explication du cheikh Ar-Râdjihî, tout en adoptant si besoin est, c’est-à-dire quand le hadith n’est pas recensé dans Les deux authentiques ou dans l’un d’eux, les jugements de l’érudit El Elbênî, qu’Allâh lui fasse miséricorde !
- L’utilisation, dans la translittération, de l’écriture ou la transcription alphabétique. Il s’agit d’écrire le mot arabe en français tel qu’il est prononcé chez les Arabes. Nous avons ainsi évité la transcription non arabe fondée sur la prononciation des non-Arabes. Nous avons aussi inséré les mots transcrits entre parenthèses et en italique.
- Rarement, il nous a été impossible de transposer certains mots ou expressions avec des sens identiques en français, nous avons alors tâché à les exprimer avec d’autres mots proches ou par une périphrase entre parenthèses. Cela étant mieux placé pour reproduire la visée ou le vouloir de l’auteur, qu’Allâh lui fasse miséricorde, avec précision et fiabilité, si Allâh le veut.
- Nous avons émis quelques commentaires dans les marges, nécessités par la nature du livre et la lecture francophone. Nous les avons extraits des Explications des savants déjà mentionnés.
- Nous avons également cité en marge quelques références et documents sur des sujets divers et variés en lien avec les différents chapitres de l’épître, afin que les lecteur français et francophones puissent en profiter.
Enfin, nous éperons en Allâh, Très-Haut, que nous soyons parvenu à la justesse dans la traduction de ce livre éminent, et que nos erreurs y soient peu nombreuses par la grâce d’Allâh et Son assistance. Ainsi ce qui en est juste provient d’Allâh seul, et ce qui en est erroné provient de nous-même et du diable, Allâh et Son Messager en sont certes indemnes, et nous demandons à Allâh, Très-Haut, de nous pardonner et nous nous repentons à Lui.
Nous prions Allâh, Exalté et Très-Haut, de nous apprendre ce qui nous est profitable, de nous faire profiter par ce qu’Il nous a appris et d’accroitre nos connaissances.
Nous Lui demandons, Béni et Très-Haut, de rendre cette épître bénéfique aux gens et de guider par elle qui Il veut par Sa Miséricorde, et de ne point nous frustrer d’obtenir la récompense qu’elle entraine, ici-bas et dans l’au-delà. Il est certes Bon et Généreux, Proche et Exauceur. Et Louange à Allâh grâce à Qui s’accomplissent les bonnes œuvres.
Pureté à Toi, ô Allâh, et par Ta louange, nous témoignons qu’il n’y a point d’adoré digne d’adoration hormis Toi, nous Te demandons pardon et nous nous repentons à Toi.
Écrit à Béjaia par votre frère Dr :
Aboû Fahîma ‘Abd Ar-Rahmên AYAD
En arabe, la veille du samedi 02 Chè’bên
Corr. au 04 mars 2022 G.
Puis autotraduit en français, le jeudi 14 Chè’bên 1443
Corr. au 17 mars 2002 G.
Revue le samedi 20 Ramadan 1445
Corr. Au 30/03/2024 G.
Publié sur: https://scienceetpratique.com/12434-2/
https://t.me/Linguistiqueetislam
https://t.me/scienceetpratique
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[1] Voyez à ce titre notre article « Les équivalents culturels, des monstres qui dévorent la représentation du réel en islam », sur : https://scienceetpratique.com/12270-2/
[2] Voyez à ce propos notre article « Les équivalents culturels, des monstres qui dévorent la représentation du réel en islam », sur : https://scienceetpratique.com/12270-2/
[3] Voyez notre recherche Réponses linguistiques à certaines questions et critiques sur mes travaux de traduction islamique, sur : https://scienceetpratique.com/جوابات-وردود-علميّة-لسانيّة-على-بعض-ال/