Le xénisme

Abderrahmane Ayad

(Aboû Fahîma)

Qu’est-ce qu’un xénisme?

D’après la définition donnée par Jean Dubois, le xénisme est une « unité lexicale constituée par un mot d’une langue étrangère et désignant une réalité propre à la culture des locuteurs de cette langue »[1].

Le xénisme dans les textes islamiques

Dans notre corpus[2], un nombre respectable de termes sont des xénismes. Ils sont le plus souvent utilisés pour soit décrire une situation particulière, soit pour donner plus de précision au contenu sémantique d’un terme donné. Ainsi ce point même note une disparité entre les deux langues française et arabe. Car l’emploi d’un xénisme vient justement palier l’écart sémantique[3] qui se trouve provoqué par un facteur lexical. La divergence culturelle en matière de religion est, elle également, un élément responsable de ladite disparité.

En effet, étant donné que c’est avec le lexique que l’on décrit les notions propres à une culture, il s’avère que celui-ci même soit un indicateur susceptible de relever les différences culturelles, et ce avec l’emploi de termes qui ne sont pas intégrés dans la langue française ou qui le sont mais approximativement. Les mots d’un lexique donné sont en fait descriptifs au premier plan des réalités culturelles inhérentes à la langue auquel il appartient.

Et c’est à ce moment là que le lexique d’une langue a recours au xénisme. Le domaine islamique n’étant pas épargné de ce phénomène, l’auteur de notre corpus a donc fait appel à l’usage à des contextes divers et variés du xénisme.

À cet effet, trois modes d’utilisation des xénismes ont étés remarqués :

  1. Des termes de xénismes suivis par une définition tel que : « quant au terme Mi’râj[4], il veut dire l’instrument de monter ou d’aller en haut, une échelle »[5].
  2. Des termes de xénismes suivis par un équivalent en français inséré entre parenthèses, tel que : le tawâf (tournée rituelle).
  3. Des termes de xénismes insérés entre parenthèses cités après un terme équivalent en français, tel que : fraternisation (mu’âkhât)[6].

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[1]Dubois J., op. cit., p. 512.

[2]Extrait de l’ouvrage de M. Hamidullah Le Prophète de l’islam, sa vie, son œuvre.

[3]Ceci quand la notion n’existe pas dans la langue française, alors que parfois, la notion peut exister mais sans avoir de terme spécifique pour la désigner ou la décrire. Dans un pareil cas, pour un souci de précision et d’exactitude sémantique, l’auteur pourrait employer ce procédé pour en rendre compte.

[4]Étant un xénisme, la translittération exacte, donc correcte, exigera de remplacer le /j/ final par le digramme (dj) proprement arabe. Le /j/ utilisé par l’auteur du corpus (mi’râj) est un /j/ français, dont la prononciation est si bien différente du (dj) arabe.

[5]Il est assez hasardeux de prétendre à la matérialisation du terme de mi’râj en lui affectant comme équivalent celui d’échelle! Car cela recouvrerait par contre coup la prétention de détenir une connaissance qui est en vérité inaccessible à l’homme. En effet, nul, hormis le Créateur, Allâh, ne sait l’état réel, la vraie nature de ce qu’est le mi’râj. Ni dans le Qour’ên, ni dans la Sounna, il n’a été question de faire mention que ce dernier était une échelle. Et la croyance des Gens de la Sounna à ce sujet (c’est-à-dire, ce qui relève de l’inconnaissable: el ghayb) est de s’arrêter aux Textes, aux versets et aux hadiths.

[6]La translittération correcte de ce terme est mou’êkhêt.